Thibault Brunet

Wissant et Soleil Noir

Soleil Noir © Thibault Brunet

3 au 15 Mai

Du mardi au dimanche de 15h à 19h

Wissant est un ouvrage hors-normes dont la tranche reprend les reliefs d’une falaise. Soleil Noir montre Territoires Circonscrits, une recherche photographique. L’exposition regroupe ces deux installations.

Wissant est un ouvrage hors-normes dont la tranche, sculptée, reprend les reliefs d’une falaise déployée sur des milliers de pages. Thibault Brunet a pour ambition de scanner les limites du monde, la falaise de Wissant (Côte d’Opale entre les caps Gris-Nez et Blanc-Nez dans le Pas-de-Calais) dont les flancs se jettent dans la Manche, est un point de transition du littoral, le bord du paysage. C’est avec un laser de télédétection qu’il en a capturé les reliefs. Des relevés de milliers de points aux plus de deux mille vues recomposées, Wissant déploie ensuite la roche dans la dimension d’un livre relié, page après page. La tranche de Wissant est sculptée comme une pierre de taille travaillée en surface et dévoile les aspérités de la pierre. Les milliers d’images compilées deviennent alors comme les strates d’une roche sédimentaire. De creux en arêtes, on avance dans le noir de l’encre des images imperceptibles, hypnotisé par les détails d’un relief qui a soudainement tout perdu de sa froide minéralité. Wissant est tout à la fois une manière de vivre la limite du paysage, à porter d’une caresse de la main, et de réaliser notre incapacité à saisir l’immensité du monde par delà les facultés de nos outils de captation.

Wissant est la suite d’Ault, édité par Mille Cailloux qui a été Prix Révélation Livre d’artiste 2019 ADAGP/MultipleArtDays.
Coproduction : ésam Caen/Cherbourg, Le Dôme, Station Mir
Partenaires : Woma Paris, Artefactorylab, Leica Geosystem France, Parrot

Soleil Noir montre Territoires Circonscrits, recherche photographique inspirée par les missions photographiques du siècle dernier telle que la DATAR (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale de 1963 à 2014), qui s’inscrit dans la continuité d’une recherche sur le paysage et sa présence dans l’espace virtuel.

Le scanner utilisé est un matériel de pointe, qui enregistre l’espace et le restitue en nuage de points linéaires en association à un drone. Parce que le rendu est plus proche du dessin que de la photographie, cette technique brouille les codes de représentation. Le paysage n’est plus délimité par l’horizon ou le cadre, mais s’étend en cercle autour de l’appareil, et s’estompe à mesure qu’il s’éloigne de l’objectif, laissant un rond aveugle à son emplacement. L’univers ainsi obtenu semble émaner du cœur d’un trou noir. Si dans le réel le soleil rayonne sur le visible, ici c’est l’instrument qui filtre la réalité et donne à voir un monde que nos catégories mentales, ancrées dans le schéma perspectiviste de la Renaissance, perçoivent comme distordu ou fantastique.

ésam Caen/Cherbourg9